Terrorisme : le nouveau programme de sécurité de l’UE ne répond pas aux attentes

« La stratégie de la nouvelle Commission européenne en matière de lutte contre le terrorisme constitue un pas en avant. Toutefois, elle ne vas pas assez loin dans l’extirpation des racines du mal et l’élaboration d’un programme de sécurité global », ont déclaré des ténors du Groupe S&D à Strasbourg, ce 28 avril, suite à la présentation par la Commission européenne de son programme de sécurité européen.

La semaine dernière à Bruxelles, le Groupe S&D publiait sa proposition de stratégie antiterroriste. Celle-ci couvrait des sujets comme les combattants étrangers, la déradicalisation en prison, les données passagers (PNR), la cybersécurité, etc. (Voir Rapport du groupe de travail du Groupe S&D sur la lutte contre le terrorisme).

Tanja Fajon, eurodéputée et viceprésidente S&D, coprésidente du groupe de travail sur le terrorisme, a déclaré ceci :

« Si certaines propositions avancées par la Commission européenne sont conformes à celles de notre stratégie, en règle générale elles ne vont toutefois pas assez loin et ne sont pas innovantes. La Commission européenne loue une série de politiques existantes et souligne que nous devons les appliquer complètement, qu’il faut instaurer un PNR, qu’il faut appliquer une proposition révisée sur les frontières intelligentes et qu’il faut établir un lien fort avec le programme européen en matière de migration. Cette perspective nous fait clairement craindre que les mesures de sécurité priment, le cas échéant, sur les droits fondamentaux. »

« Par ailleurs, nous attendions une plus grande attention aux défis sociaux comme la déradicalisation, la réhabilitation en prison, l’autorisation parentale pour mineurs et l’aide au développement. De plus, la stratégie de la CE ne mention nulle part la nécessité de promouvoir la tolérance religieuse, ni aucun projet spécifique de gestion des jeunes qui reviennent désillusionnés par Daesh. »

Knut Fleckenstein, eurodéputé et viceprésident S&D, coprésident du groupe de travail sur le terrorisme, a exprimé la déception du Groupe S&D :

« Le document de stratégie de la Commission se focalise quasi exclusivement sur la dimension interne de la sécurité. Il n'aborde pas suffisamment la nécessité d'améliorer les efforts internationaux et d'éviter les erreurs des interventions militaires passées. On ne peut promouvoir la lutte antiterroriste qu’au niveau mondial, en dépassant le cercle de nos alliés occidentaux usuels ; particulièrement dans les régions d’origine des groupes terroristes ou dans leurs régions d’entraînement. »

« Nous devons aussi engager un dialogue avec les dirigeants qui ne partagent et ne favorisent pas nos valeurs. Toutefois, ce dialogue ne doit pas se restreindre à la lutte contre le terrorisme ; il doit toujours aller de pair avec un dialogue sur les droits de l'homme et l’État de droit. »

« Les gains à court terme d’une collaboration avec des régimes dictatoriaux sont contreproductifs. Cela donnerait à l’UE la réputation de collaborer avec des dictateurs, ce qui constituerait un puissant outil de recrutement d'extrémistes, tant dans les pays musulmans qu'en Europe. »

« Enfin, la stratégie présentée aujourd’hui indique que ‘la Commission explorera aussi la nécessité et les avantages potentiels de mesures additionnelles dans le domaine du financement du terrorisme’. Cet engagement est trop vague. Nous devons agir avec plus de fermeté pour priver de ressources financières et armées les organisations terroristes. À cet effet, nous devons nous confronter à des pays comme l’Arabie saoudite et le Qatar, dont on sait qu’ils financent des groupes terroristes, et nous devons aborder la question de la vente des armes par certains pays de l’UE. »

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