Ce 20 novembre, le rapport Recommandation sur la liberté académique dans l’action extérieure de l’UE était soumis au vote de la commission Affaires étrangères (AFET) du Parlement européen. Ce texte vise à faire de la liberté académique un critère du domaine des droits de l'homme dans la politique étrangère de l’UE.

Pour assurer la crédibilité de son texte, son auteur l'eurodéputé S&D Wajid Khan voulait que celui-ci respecte la cohérence entre les politiques extérieure et intérieure de l'UE, comme il est de pratique courante dans les rapports de politique extérieure. En conséquence, le rapporteur S&D a proposé des amendements citant nommément la Hongrie et la montée en puissance des attaques qui visent des universités étrangères présentes dans l’UE – comme l’université d’Europe Centrale de Budapest, dont le siège est étatsunien et que le premier ministre Orbán tente de fermer. Wajid Khan a également proposé d’inclure la liberté académique dans les critères de Copenhague d’affiliation à l’UE.

Malheureusement, le président de la commission, eurodéputé PPE, décidait l’irrecevabilité de ces amendements après avoir été sollicité dans ce sens par le rapporteur fictif PPE, Andrea Bocskor.

 

Wajid Khan, eurodéputé S&D et rapporteur du PE pour ce dossier, a déclaré ceci :

« Le PPE a montré aujourd’hui son vrai visage en édulcorant notre rapport et en cédant de la sorte à la pression du Fidesz, ce parti de plus en  plus autocratique qui réprime la liberté d'expression et la liberté académique en Hongrie. Ceci dit, le rapport était généralement un grand succès, et je suis fier que le PE va recommander des mesures strictes relatives à la liberté académique. Il aurait toutefois pu aller plus loin. »

« En effet, les relations extérieures de l’UE ne seront pas crédibles si nous ne pouvons mettre de l'ordre dans notre maison. Ceci se rapporte directement aux attaques lancées par le Fidesz contre les libertés en Hongrie, dont la liberté académique. En effet, nous ne pouvons pas dire à l’étranger qu’une règle s’applique à eux et une autre à nous. »

« Or, la Stratégie mondiale de l’UE indique que ‘le respect systématique de nos valeurs, à l’intérieur, déterminera notre crédibilité et notre influence extérieures’. Autrement dit, nous ne pouvons pas menacer la liberté académique au sein de l’UE et demander à d’autres pays de respecter ce droit fondamental. »

« Nous sommes confrontés à une tendance incroyablement inquiétante, bien que le PPE prétende défendre la liberté d'expression et les valeurs démocratiques. Ce Groupe a même cité la liberté académique dans une résolution récente de sa conférence, qui indiquait que ‘les gouvernements doivent protéger la liberté académique en toute circonstance’. Or, il apparaît que ceci n’est pas du tout le cas, et que le PPE va se laisser entraîner encore plus à droite par le régime de plus en plus autocratique de Hongrie. »

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