Gianni Pittella, président du Groupe S&D, a commenté comme suit la déclaration sur l’État de l’Union, prononcée ce 9 septembre par le président Juncker devant le Parlement européen à Strasbourg :
 
« La Commission européenne a enfin libéré l’Europe de l’égoïsme honteux de certains gouvernements nationaux. Comme nous l’avions proposé, la Commission a en effet présenté des mesures courageuses en matière de migration. À présent, il appartient au Conseil et aux États membres d’assumer leurs responsabilités. Des citoyens européens d’Italie, de Grèce, de Hongrie, d’Allemagne ou d’Autriche ont déjà démontré leur solidarité – aux dirigeants européens de suivre à présent leur exemple. Seuls les imbéciles pensent que des barrières plus hautes ou des barbelés plus acérés résoudront la crise. Le Groupe S&D, pour sa part, demande depuis longtemps une réponse européenne. Dans cet esprit, les propositions avancées aujourd’hui par la Commission nous ravissent. »
 
« Nous sommes également convaincus de la nécessité d’un mécanisme d’urgence associé à un système contraignant de répartition parmi les États membres, appliqué à un nombre approprié de migrants. Ce mécanisme doit être adossé à des sanctions financières pour les pays incapables d’accueillir des réfugiés et pour les points chauds. Le Groupe S&D est aussi satisfait par le remplacement de facto du règlement de Dublin anachronique par un nouveau système permanent. À long terme, nous encourageons également la mise en place d’un cadre légal pour les migrants économiques. Car au bout du compte, l’économie européenne a besoin de migrants. »
 
« Dans cet esprit, nous exhortons le Conseil européen à adopter ces propositions, afin de faire oublier les pages honteuses qu’il a écrites en juin et juillet. Car nous aurions pu sauver des milliers de vie supplémentaires si certains dirigeants européens s’étaient réveillés il y a des années et non il y a quelques semaines, quand les migrants ont commencé à frapper à leurs portes. Nous ne voulons plus avoir honte d’être Européens, honte de notre manque d’humanité. »

« Dans une perspective de long terme, nous saluons aussi l’engagement à long terme d’approfondissement de la coopération avec l’Afrique. Nous devons poursuivre le bon travail engagé par la Haute Représentante aux Affaires étrangères Federica Mogherini dans la recherche d’une solution politique à la crise en Libye et en Syrie. »
 
« En ce qui concerne l’État de l'Union, notre Groupe jugera cette Commission sur ses actions et non sur ses paroles. Nous demandons une cote triple A pour le paquet de mobilité du travail, qui combat fermement le dumping social et protège les personnes occupées dans des emplois précaires. Nous demandons aussi une révision générale de la directive relative au détachement de travailleurs et une réponse précise aux préoccupations des agriculteurs européens. »
 
« Par ailleurs, nous exhortons la Commission à passer des paroles aux actes en matière de justice fiscale. Il est grand temps que toutes les entreprises paient des impôts là où elles réalisent des bénéfices. À cet effet, nous encourageons la tenue de comptabilités publiques pays par pays, qui constituerait une avancée majeure dans la lutte contre l’évasion et l’évitement fiscaux. »
 
« La crise grecque a montré que l’union monétaire actuelle n’était plus suffisante. Elle doit être renforcée. Dans cet esprit, nous appelons la Commission à mettre en œuvre les conclusions du rapport des cinq présidents, mais aussi de revenir à l’idée des euro-obligations, afin de s’attaquer au boulet des dettes publiques. »
 
« Dernier point et non des moindres, le changement climatique. Nous attendons de l’Europe qu’elle soit première de cordée dans ce défi mondial : il faut repenser notre économie en fonction de cette nouvelle approche, pour qu’elle devienne circulaire et durable. »
 
« Il nous appartient de décider si l’Europe se contentera de gérer son déclin mondial, ou si elle évoluera au bénéfice de l’ensemble des futurs Européens. »