Ce 8 février, le Parlement européen soutenait une résolution avancée par les Socialistes & Démocrates et qui condamnait sévèrement l’esclavage moderne des enfants en Haïti. En effet, sous couvert de la pratique traditionnelle du « Restavek* », les enfants sont vendus par leur famille en servitude domestique. Ils sont souvent victimes de travail forcé, de violences et d’abus sexuels. Ce phénomène touche environ 400 000 enfants, dont 60 pour cent de filles. Dans ces conditions, le Parlement européen appelle l’UE et ses États membres à aider Haïti à mettre en œuvre des mesures de protection des enfants. Le PE appelle aussi la communauté internationale à ne pas réduire l’aide à ce pays, au moment où il en a le plus besoin.

 

Elena Valenciano, eurodéputée et viceprésidente du Groupe S&D chargée des affaires étrangères et des droits humains, a déclaré ceci :

« Haïti est un pays brisé par la colonisation et l’occupation, les catastrophes naturelles, la misère et la faim, ainsi que par la majeure partie de sa classe dirigeante. Aujourd’hui, Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, avec deux tiers de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Mais les plus pauvres parmi les pauvres sont les filles et les garçons vendus en servitude domestique, trop souvent soumis à l’exploitation, la violence et les abus. Il faut éradiquer cette pratique barbare moderne d’esclavage des enfants. »

« À présent que Haïti a enfin retrouvé, au courant de l’année passée, un minimum de stabilité politique et démocratique, le pays a plus que jamais besoin de notre soutien pour effectuer les réformes indispensables qui lui permettront de rompre le cycle sans fin de pauvreté, d’illettrisme et d’esclavage des enfants. Dans cette optique, nous appelons l’UE, ses États membres et la communauté internationale à assumer leurs responsabilités et aider Haïti à protéger ses enfants. »

 

Norbert Neuser, eurodéputé et porteparole S&D pour la coopération au développement, a ajouté ce qui suit :

« Pour casser le cercle vicieux de la pauvreté, l’illettrisme et l'esclavage, qui piège des centaines de milliers d'enfants haïtiens, le gouvernement du pays doit mettre en œuvre la scolarité obligatoire. En effet, la plupart des ménages n'autorisent pas leurs enfants 'Restavek' à aller à l'école, ce qui réduit gravement les chances de ceux-ci de trouver plus tard un emploi décent. Tragiquement, leurs futurs enfants courront un risque plus grand de devenir à leur tour des enfants domestiques, et d’avoir à vivre dans des conditions qualifiées d’esclavage par les Nations Unies et l’Organisation internationale du travail (OIT). »

« Dans ces conditions, nous appelons le gouvernement haïtien à instaurer la scolarité obligatoire, la certification des enfants selon leur âge, ainsi que l’enregistrement de tous les enfants à la naissance. Car tous les enfants méritent protection et instruction. »

« Si l’UE veut réellement aider ses enfants à échapper à leur misère, elle doit veiller, dans le cadre du prochain Fonds européen de développement, à surveiller l’application de la scolarité obligatoire. Dans ce même cadre, l’UE doit faire en sorte que la question des enfants ‘Restavek’ soit clairement prise en charge dans le secteur crucial de l’éducation. »

*Restavek est un mot créole haïtien, qui provient de « rester avec ». À l’origine, ce système était conçu pour envoyer des enfants vivre avec des parents plus aisés, capables de leur assurer une éducation et une meilleure vie. Ces dernières années, toutefois, le système s’est dégradé.

C’est devenu une forme de traite domestique d’humains et d’esclavage moderne, aggravée par les pressions économiques croissantes qui pèsent sur le pays depuis le tremblement de terre de janvier 2010. L’Organisation internationale du travail indique qu’en plus des longues heures de travail, ces enfants sont souvent soumis à des violences verbales, physiques, et sexuelles.