Avertissement des S&D : en cas d’élections non équitables, les Maldives risquent d’être sanctionnées par l’UE

Les partis maldiviens doivent d’urgence discuter des lacunes démocratiques dans l’organisation des élections, pour que celles-ci soient vraiment libres. À défaut, l’Union européenne sera obligée d’envisager des sanctions. C’est ce qu’a déclaré en substance Richard Howitt, porteparole du Groupe des Socialistes & Démocrates pour les affaires étrangères.

L’eurodéputé travailliste s‘exprimait ce 9 février, à l’occasion d’une conférence de presse officielle dans la capitale de l’île, Male, et dans le cadre d’une visite officielle de la délégation du Parlement européen aux relations avec l’Asie du Sud.

Richard Howitt s’est entretenu sur place avec l’équipe juridique de l’ancien président Nasheed, condamné pour terrorisme mais qui assure que sa condamnation est fondée sur des mobiles politiques. M. Howitt a visité la prison de Maafushi, pour vérifier les conditions de détention de l’ancien président. Celui-ci se trouve actuellement à Londres pour soins médicaux urgents.

L’eurodéputé Richard Howitt est coauteur de deux résolutions votées l’année passée par le Parlement européen, qui critiquent la démocratie aux Maldives et dont la seconde appelait explicitement à l’imposition de sanctions ciblées. Un projet de loi déposé actuellement au parlement maldivien rendrait illégal tout appel au soutien de sanctions.

L’eurodéputé Richard Howitt, par ailleurs viceprésident de la délégation, a déclaré ce qui suit lors de la conférence de presse :

« Notre présence à Male témoigne de nos graves et profondes inquiétudes au sujet de la démocratie aux Maldives. Toutefois, l’Europe ne soutient aucun parti. Nos préoccupations concernent l'apparente absence d'indépendance du judiciaire, ainsi que le manque de respect des normes juridiques internationales dans de nombreux cas, et pas seulement dans celui du président Nasheed. Cela constitue un faisceau d’indices qui suggèrent qu'il s'agit d'un outil utilisé délibérément dans le traitement des désaccords politiques et de l'opposition. »

L’eurodéputé a également cité d’autres cas, dont celui de l‘ancien viceprésident Adib, du colonel Nazim, de Cheikh Imran ; il a également évoqué l’absence d’enquête connue sur la disparition du journaliste Ahmed Rilouane Abdullah.

Richard Howitt a profité de la conférence de presse pour lancer deux appels directs :

« Premièrement, j’espère qu’il y aura un retour aux discussions entre partis – de véritables discussions, pour convenir d’un calendrier. Le cas échéant, elles pourraient se dérouler en présence d’un négociateur international. Nous savons que nos amis et collègues des Nations Unies proposent leurs bons services, avec le soutien de l’Union européenne. Ces discussions devraient aboutir à des mesures susceptibles de restaurer l’espace politique, la liberté d'expression et la liberté de réunion, absentes aujourd’hui. »

« Car le dialogue ne peut avoir lieu alors que des dirigeants politiques sont incarcérés. Tous les dirigeants doivent être libres de s'engager. Et le public doit être tenu informé. »

« Toutefois, je suis obligé d’indiquer que vu d’aujourd’hui, il est difficile d’imaginer la moindre possibilité de qualifier de libres et équitables les élections de 2018 – à moins que les choses changent à partir de maintenant. »

« Deuxièmement, nous nous sommes entretenus avec vos parlementaires. Nous les avons exhortés à prendre des initiatives qui suppriment la nécessité de sanctions, plutôt que de criminaliser toute personne qui appelle à des sanctions à l’encontre des Maldives. Nous ne souhaitons pas les sanctions. Elles ne figuraient pas dans la première résolution votée par le PE l'année passée – seulement dans la seconde. Cette semaine, nous avons effectué une évaluation complète. À présent, nous rentrons à Bruxelles et nous envisagerons toutes les options. Nous espérons que le pays reprendra le chemin de la démocratie, de manière à rendre superflues ces considérations. »