Ce 12 septembre, la plénière du Parlement européen débattait d’un rapport d'initiative élaboré par l’eurodéputée S&D Karin Kadenbach. Ce texte salue le Plan d’action européen fondé sur le principe «Une seule santé» pour combattre la résistance aux antimicrobiens* (AMR), mais demande des actions additionnelles en la matière. Le rapport, qui sera soumis au vote de la plénière le 13 septembre, demande une approche coordonnée pour éviter la tendance dangereuse de l’usage excessif des antibiotiques, tant pour les humains que pour les animaux d’élevage. En effet, cela rend ces médicaments inefficaces lorsqu’ils sont vraiment nécessaires.

L’eurodéputée S&D Karin Kadenbach a déclaré ceci :

« À l’heure actuelle, la moitié des antibiotiques prescrits en médecine humaine est ineffective. En effet, l’abus d’antibiotiques érode leur efficacité et provoque 25 000 décès par an au sein de l’UE. Si nous n’agissons pas rapidement, nous risquons le retour vers un âge pré-antibiotiques/pré-pénicilline. Cela pourrait rendre à nouveau fatales les infections pulmonaires, par exemple, accroître le facteur risque d’opérations de routine et rendre dangereuses des traitements comme la chimiothérapie, qui suppriment le système immunitaire. »

« Plusieurs facteurs expliquent cette situation : l’application non professionnelle des antibiotiques, tant en médecine humaine (traitement d'infections virales où ils sont non effectifs) qu’en médecine vétérinaire (prophylaxie) ; le transfert de bactéries résistantes des animaux vers les humains par contact direct ou via la chaîne alimentaire ; l’élimination des médicaments non utilisés dans les eaux phréatiques, ainsi que le développement non adéquat de nouveaux antibiotiques. Nous demandons une stratégie exhaustive qui s’attaque à tous ces facteurs. »

« En médecine humaine, nous demandons la confirmation des diagnostics par des tests rapides qui indiquent la nature virale ou bactérienne d’une infection, et donc si l’usage d’antibiotiques est recommandé ou pas du tout. Or, à l’heure actuelle ces tests ne sont pas pleinement développés. De plus, ils sont souvent plus chers que de nombreux antibiotiques. En conséquence, ils constituent un fardeau pour les systèmes d’assurance maladie – même si à long terme la résistance aux antibiotiques sera beaucoup plus coûteuse pour ces systèmes de santé. »

« En ce qui concerne les animaux, nous voulons l’élimination progressive de l’utilisation d’antimicrobiens pour des groupes d’animaux de ferme. Il s’agit de n’administrer ces produits que lorsque l’animal montre des signes d’infection. »

 

Miriam Dalli, eurodéputée et porteparole S&D pour l’environnement et la santé, a ajouté ce qui suit :

« La médecine moderne a réussi à produire des cures pour diverses infections létales, et elle a accru la sûreté des interventions chirurgicales. Cependant, avec le développement de la résistance aux antimicrobiens, certaines infections communes commencent à redevenir fatales. Si nous n’agissons pas maintenant, nous risquons le retour à un âge pré-antibiotique. Ce qui signifie que même des affections comme les infections pulmonaires risquent de redevenir fatales. »

« Si divers facteurs expliquent comment on en est arrivé là, il est plus choquant de constater que 65 000 tonnes d'antibiotiques - deux-tiers de la production globale - sont utilisés chaque année pour les animaux. Or, les êtres humains finissent par consommer également ces antibiotiques, par le biais du lait, de la viande et par la contamination de l’environnement, des sols et de l’eau potable. Dans ce contexte, la Commission européenne et les États membres doivent agir maintenant. »

 

* La résistance aux antimicrobiens est la résistance aux médicaments manifestée par des infections provoquées non seulement par des bactéries mais aussi par d’autres microbes comme les parasites, virus et champignons.

 

 

Contenu associé
En savoir plus