La Turquie peut émerger plus forte – si elle défend le pluralisme et la justice

Profitant d’un débat en plénière, ce 13 septembre, les Socialistes & Démocrates au Parlement européen ont exprimé leurs graves inquiétudes au sujet du niveau actuel de la démocratie en Turquie. Le Groupe S&D a exhorté le gouvernement turc à respecter pleinement les droits fondamentaux et l'État de droit dans sa réaction à la tentative de coup d’État militaire. Il souligne que les autorités turques doivent garantir à tous les citoyens impliqués l’accès à une défense et, le cas échéant, un procès équitable.

Knut Fleckenstein, eurodéputé et viceprésident S&D chargé des affaires étrangères, a déclaré ceci :

« La Turquie est et restera un de nos partenaires principaux, en tant que membre de l'OTAN, ainsi qu’en tant que candidate à l’adhésion à l’UE. Toutefois, à mes yeux les développements actuels en Turquie restent très préoccupants : suspension et détention de nombreux universitaires et journalistes, limogeage récent de 28 maires élus… Dans ce contexte, il est plus important que jamais de maintenir ouvert le dialogue avec le gouvernement turc, afin de contribuer à stabiliser la situation politique et démocratique. »

Victor Boştinaru, eurodéputé et viceprésident S&D chargé des affaires étrangères, a ajouté ce qui suit :

« Il y a de nombreuses décennie, la Turquie s’est engagée sur la voie de la démocratie et de la laïcité, tout en renforçant sa position d’acteur crédible de la scène internationale. Or, les options récentes de la Turquie semblent saper ces engagements. En effet, depuis la tentative de coup d’État, le gouvernement turc a lancé une purge à grande échelle. Dans ces conditions, nous demandons à la Turquie de respecter le droit à la justice et à un procès équitable – tant pour l’ensemble de ses citoyens que pour les étrangers qui séjournent en Turquie. »

« Rappelons que hier encore, nous avons condamné un autre méprisable attentat terroriste dans la région de Van. Nous sommes convaincus que la collaboration antiterroriste entre la Turquie et l’UE doit être une priorité pour les deux parties. »

« Par ailleurs, nous exhortons la Turquie à jouer un rôle constructif et responsable dans la recherche d’une solution politique en Syrie, dans la lutte contre l’autoproclamé État islamique et dans la gestion des réfugiés syriens. »

Kati Piri, eurodéputée S&D et rapporteuse du Parlement européen pour la Turquie, a précisé les points suivants :

« Il est compréhensible que le coup d’État manqué ait entraîné la nécessité d’une série de mesures. Toutefois, la situation actuelle nous inquiète gravement. »

« En effet, on comprend difficilement le lien entre des journalistes respectés comme Aslı Erdoğan et les comploteurs. On comprend difficilement le lien entre des milliers d’enseignants et les comploteurs. Et on comprend difficilement comment la nomination d’administrateurs en remplacement de maires directement élus, a un rapport quelconque avec les événements du 15 juillet. »

« Or, la Turquie peut être fière que cette nuit-là, ses citoyens soient descendus en masse dans la rue pour défendre leur démocratie. Elle peut être fière que toutes les forces politiques aient unanimement rejeté tout renversement illégal des institutions démocratiques. »

« Par conséquent, la Turquie a une chance de sortir renforcée de cette situation.

- Elle doit adopter le pluralisme des médias – car les médias libres ont joué un rôle crucial, cette nuit-là, en informant la population.
- Elle doit collaborer avec l’ensemble des forces politiques pour élaborer les réformes constitutionnelles indispensables.
- Et elle doit montrer que l’État de droit constitue le principe directeur de la traduction en justice des auteurs du coup d’État. »

Richard Howitt, eurodéputé et coordinateur S&D pour les affaires étrangères, a souligné les éléments suivants :

« Le limogeage de maires élus appartenant au parti kurde HDP est un coup d’État d’une autre nature, qui répète les actions entreprises lors du coup d’État réussi de 1980. Dans ces conditions, l’Europe doit résolument pousser la Turquie à amender sa législation antiterroriste, si celle-ci souhaite des progrès en matière de libéralisation du régime des visas. En effet, l’ONU a indiqué que ladite législation violait les droits de la défense et ciblait les défenseurs des droits de l'homme. Enfin, ce coup constitue l’attaque ultime contre la démocratie. En conséquence, les démocrates-chrétiens doivent abandonner leur opposition à l’ouverture des chapitres 23 et 24 de la négociation, consacrés à la démocratie. Si vous ne comprenez pas cela aujourd’hui, franchement, vous ne le comprendrez jamais. »