Avec une couverture de 42 % des sols, les forêts sont les poumons de l'Europe. Leur rôle peut donc être crucial dans la lutte contre le changement climatique. Dans cet esprit, le Parlement européen a voté ce 13 septembre un rapport qui vise à inclure au cadre d'action en matière de climat et d'énergie à l'horizon 2030 les émissions et absorptions de gaz à effet de serre dus à l’utilisation des terres, aux changements d’utilisation des terres et à la foresterie (UTCATF*).

Ce rapport définit les règles de comptabilisation des émissions et absorptions pour différentes catégories de terres. Il s’agit de maintenir et augmenter la quantité de carbone stockée dans les terres et les forêts, ainsi que dans les produits forestiers récoltés.

Les Socialistes & Démocrates sont résolument attachés à la réalisation des promesses faites à Paris lors du sommet de la COP 21 de l’ONU contre le changement climatique. Ils veulent que l’UE donne l’exemple en la matière. Dans cet esprit, tous les secteurs doivent contribuer à l’objectif général de l’UE en matière de réduction des émissions. En conséquence, les S&D se sont battus pour un modèle de comptabilisation crédible et scientifique, qui mesure l’atténuation climatique des émissions forestières. Toutefois, ce modèle ne doit pas permettre à des pays de camoufler les effets de politiques qui augmentent les émissions, par exemple en accroissant significativement les récoltes nationales sans lien avec les dynamiques naturelles des forêts. Or, l’étroitesse de vue des membres conservateurs du PE a obligé celui-ci à adopter un compromis moins ambitieux.


Paul Brannen, eurodéputé et porteparole du Groupe S&D pour ce dossier, a déclaré ceci :

« Le changement climatique est un défi majeur pour l’Europe et le reste du monde. En effet, en stockant du carbone les forêts et l’utilisation croissante du bois dans les produits quotidiens peuvent contribuer à réduire les émissions dangereuses. »

« La proposition soumise au Parlement européen créait un cadre de comptabilisation de la quantité de carbone stockée dans les forêts. Toutefois, elle ne prévoyait pas de restrictions à l’abattage forestier pour la récolte de bois, partie standard de l’industrie forestière, mais elle proposait juste un cadre de mesure. Voilà pourquoi il est décevant que le PE n’ait pas adopté une position plus forte. Celle-ci aurait conservé le mot ‘intensité’, qui aurait donné du mordant à la méthode de comptabilisation. »


Miriam Dalli, eurodéputée et porteparole du Groupe S&D pour l’environnement, a ajouté ceci :

« Aujourd’hui, le Parlement européen et l’UE avaient l’occasion de saisir le leadership mondial en matière de forêts et de climats. Car nous sommes pleinement conscients du rôle important que les forêts, les terres et les écosystèmes peuvent jouer dans la réalisation de nos objectifs contractés dans l’Accord de Paris. »

« Dans cet esprit, les S&D se sont battus avec force pour l’instauration d’un système de comptabilisation robuste, transparent et scientifique des émissions forestières, plutôt que pour une approche susceptible de camoufler les émissions dues à l'accroissement de l'abattage forestier. Or, le parlement a manqué l’occasion de prendre une position forte dans le domaine UTCATF, qui aurait témoigné de notre engagement climatique et assuré la capacité de stockage de carbone de nos forêts. »

 

* Note aux rédacteurs

Cette proposition de loi fait partie intégrante du train de mesures concernant le climat présenté par la Commission le 20 juillet 2016. Elle vise à intégrer au cadre d'action en matière de climat et d'énergie à l'horizon 2030, et dès 2021, les émissions et absorptions de gaz à effet de serre (GES) dues à l’utilisation des terres, aux changements d’utilisation des terres et à la foresterie (UTCATF).

L’UTCATF est une catégorie de comptabilisation des émissions de GES définie par la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette catégorie comptabilise tant les émissions (dues, entre autres, à la déforestation ou à l’agriculture) que les absorptions (capture de CO2 par la végétation et les sols). Actuellement, l’UE et ses États membres doivent comptabiliser le secteur UTCATF dans le cadre du Protocole de Kyoto. Celui-ci contraint l’UE et ses États membres à faire en sorte que le secteur UTCATF ne génère pas d’émissions supplémentaires. Toutefois, le Protocole de Kyoto expire à la fin 2020.

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